Le « đờn ca tài tử » (chant amateur du Sud) est enraciné dans la vie culturelle et spirituelle des habitants de la région méridionale. Dix ans après sa reconnaissance par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, le Vietnam continue de préserver et promouvoir cet art.
Le « đờn ca tài tử » est un art populaire unique du Sud du Vietnam. Les locaux, qu’ils soient riches ou pauvres, hommes ou femmes, vieux ou jeunes, interprètent des chants du « đờn ca tài tử ». Cet art musical est principalement pratiqué lors de fêtes, ou pour des rituels, mariages, funérailles…
Selon les chercheurs, ce type artistique est apparu à la fin du XIXe siècle. Il tire ses origines dans la musique de la cour de Huê (ancienne capitale impériale) et est rapidement devenu un genre de musique folklorique traditionnel du Sud.
Selon l’UNESCO, « cet art musical aux racines à la fois érudites et populaires est un élément indispensable de la vie spirituelle et du patrimoine culturel de la population du Sud du Vietnam. La musique et les chansons font écho au mode de vie et au travail dans les champs et les rivières du delta du Mékong ».
Il est interprété à l’occasion de nombreux événements et est profondément lié à d’autres coutumes culturelles, aux traditions orales et au travail artisanal. Il est joué sur une grande variété d’instruments, dont le luth en forme de lune, le violon à deux cordes, la cithare à seize cordes, le luth en forme de poire, les percussions, le monocorde et la flûte en bambou.
Lors des représentations, les chanteurs interprètent les chants traditionnels dans leur style propre, ce qui permet à cet art de continué à évolué malgré ses deux siècles d’existence et rend chaque performance unique.
Vitalité du patrimoine
En plus des Vietnamiens, les touristes internationaux qui visitent le pays apprécient également cet art musical en raison de son côté traditionnel, authentique et romantique.
Depuis plus de 20 ans, des provinces et villes du Sud telles que Hô Chi Minh-Ville, Bac Liêu, Soc Trang, Cà Mau organisent chaque année un programme d’échange artistique pour promouvoir le développement du « đờn ca tài tử ».
Une attention particulière lui est donné et des investissements importants ont été fait pour le soutenir. Hô Chi Minh-Ville est le plus grand centre de formation et de recherche sur cet art du pays.
Il existe deux unités qui forment des artistes professionnels, le département de musique traditionnelle du Conservatoire de Hô Chi Minh-Ville et de la Faculté de théâtre et de chant traditionnels de l’Université d’art dramatique et de cinématographie.
La ville a également organisé de nombreux événements, tels que le festival du « đờn ca tài tử » pour enfants de Hô Chi Minh-Ville, le festival du « đờn ca tài tử » de Hô Chi Minh-Ville, le concours de composition du « đờn ca tài tử »…
En outre, de nombreux programmes de formation ont été menés dans les écoles primaires Dinh Tiên Hoàng et Nguyên Thai Binh du 1er arrondissement, dans l’école primaire Doàn Thi Diêm du 4e arrondissement, dans le collège Giông Ông Tô de la ville de Thu Duc, ceux de Duc Tri et Bùi Thi Xuân du 1er arrondissement ainsi que dans les centres culturels des districts de Cu Chi, Cân Gio et Hoc Môn.
Hô Chi Minh-Ville organise également des programmes spécifiques pour cet art folklorique, notamment via un projet de la préservation et la promotion des valeurs du patrimoine culturel immatériel du »đờn ca tài tử » pour la période 2018-2020. Le projet a été approuvé par le Comité populaire municipal en mars 2018 pour renforcer les activités éducatives et sensibiliser le public à la protection et au développement des valeurs du patrimoine culturel et de la musique traditionnelle du Sud.
Selon le Service municipal de la culture et des sports, la ville mettra prochainement en place des politiques pour encourager les artisans et les artistes à mener un projet de développement touristique associé au « đờn ca tài tử ».
Former les générations futures
La Dr. Mai My Duyên, l’une des principales musicologues du Sud, a déclaré qu’après la reconnaissance du « đờn ca tài tử » par l’UNESCO en tant que patrimoine mondial, elle a proposé sept initiatives pour développer cet art populaire. Celles-ci incluent la formation d’artistes pour sensibiliser la population, en particulier les jeunes, ainsi que la création de conditions propices à la pratique, à la créativité et à l’enseignement de la musique folklorique dans les écoles, et le développement des clubs et communautés afin d’améliorer la vie culturelle et spirituelle des habitants.
L’artiste émérite Huynh Khai, ancien chef du département de musique traditionnelle du Conservatoire de musique de Hô Chi Minh-Ville, a exprimé sa joie face à l’essor des clubs de « đờn ca tài tử » qui attirent de plus en plus de jeunes. « Les institutions culturelles doivent rechercher les talents, les rassembler et créer des conditions favorables pour les aider à améliorer leurs compétences », a-t-il ajouté.
Nguyên Minh Thuân, 23 ans, diplômé du département de dàn kim ou dàn nguyêt (luth en forme de lune) et dàn tranh (cithare à 16 cordes) du Conservatoire de musique de la ville, est l’un des jeunes membres du club de « đờn ca tài tử » de la ville. Il a étudié le « đờn ca tài tử » pendant neuf ans et peut aujourd’hui gagner sa vie grâce à la musique. Il espère que davantage de théâtres amèneront les jeunes à la musique traditionnelle.
Selon lui, Hô Chi Minh-Ville devrait disposer de spectacles de « đờn ca tài tử » chaque week-end au cœur de la ville, dans les rues piétonnes, les musées et les parcs, pour promouvoir la musique folklorique vietnamienne et attirer les touristes.
On peut dire que le « đờn ca tài tử » est « l’âme » du patrimoine culturel du Sud. Ce n’est pas seulement une forme d’art qui reflète les traits culturels et la personnalité simple, amicale, généreuse et affectueuse des peuples du Sud, mais qui a également une grande capacité à rassembler la communauté. Ainsi, il conserve toujours une forte vitalité et demeure immortel au sein de la vie culturelle nationale.
Source: Thuy Hà/Le courrier du Vietnam